Pourquoi la photographie ?
J’ai commencé la photographie adolescent au club photo de mon lycée. A l’époque je travaillais en argentique, c’était totalement différent. Puis les études et la vie professionnelle ont tout arrêté. Je me suis retrouvé en 2013 à vivre au Liberia. J’avais besoin d’un médium pour capturer et raconter ce séjour, je me suis donc tout naturellement retourné vers ce premier amour.
Au Liberia, j’ai réalisé une sorte de carnet de voyage en gifs animés (Monrovia Animated : https://www.fbeaurain.com/monrovia_animated_800.html) et je me suis pris de passion pour le cinéma nigérian (la fameux Nollywood). C’est là que j’ai commencé à photographier des salles de cinéma et à documenter les cinémas africains, un fil rouge dans mon travail depuis.
Ce qui caractérise votre écriture ?
« Cinémas du Maroc » un projet patrimoine, les photos sont avant tout là pour témoigner. Ce projet laisse peu de place à une démarche artistique. Néanmoins et afin de donner une cohérence au projet, les plans d’ensemble sont réalisés au format paysage et au 24mm. Afin de rendre compte des détails et de l’ambiance des salles, d’autres photos sont prises au 50mm au format portrait.
Le contexte de création de cette série
En 2018, je me suis retrouvé par hasard devant le cinéma Caméra de Meknès. Le Caméra est une salle à part, peut-être unique au monde. Construite en 1938, elle est toujours rigoureusement dans son jus. Aller au cinéma au Caméra c’est un voyage dans le temps. La salle, la projection, les sièges, même les films sont d’une autre époque. Cette rencontre a été l’occasion de me rendre compte qu’il existe un patrimoine exceptionnel de salles au Maroc et c’est à partir de ce moment que je me suis donné comme mission de le recenser et le mettre en valeur.
Le message est simple. Nous sommes à un point critique dans l’histoire du cinéma où les salles pourraient disparaître. Il faut prendre conscience de ce patrimoine, le protéger et le réhabiliter mais aussi réapprendre l’expérience cinématographique où des gens se réunissent pour partager un film.
Une anecdote à nous confier ?
Le projet a subi un tournant lors de la crise sanitaire. L’envie de transformer ce projet photographique en livre photo a émergé à ce moment. Plusieurs fois dans mes visites, les anciens projectionnistes me racontaient des histoires qui me faisaient penser au film « Cinema Paradiso » de Giuseppe Tornatore. Les cinémas sont bien plus qu’un bâtiment, ce sont des espaces publiques. A l’image de ce film, mon projet vise aussi à raconter l’histoire et l’ambiance qu’il régnait dans ces salles. Le livre est ponctué de nombreux extraits de livres et d’interviews qui racontent l’ambiance qui régnait dans ces salles, ce que mes photos ne peuvent pas transcrire.